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le clin d'oeil de Pierre
27 avril 2014

d'autres pages se tournent...

Aujourd’hui j’éprouve le besoin de sortir de la pudeur qui m’a toujours accompagné au sujet de mon pays, de ma ville, de mes origines. C’est vrai que je n’aime pas parler de moi, mais il est temps je pense de dépasser cette retenue, et d’ouvrir mon cœur sur un sujet qui n’a fait qu'amplifier un certain mal-être au fil des années, mal-être qu’il faut que « j’expurge » pour solde de tout compte !

Cette pudeur que j’ai faite mienne pendant des années par respect aussi pour mes parents et principalement mon père qui a vécu un véritable traumatisme pendant le reste de sa vie en quittant son pays (paix à son âme !) m’ a progressivement dépossédé de tout raisonnement objectif, voire d’affirmation de soi, car je ne voyais qu’une chose :ma ville, mon pays, mes origines, ne voulant pas démordre de ces convictions « sentimentales » qui m’assiégeaient.

D’ailleurs j’envisageais en cette fin avril un second voyage après celui de 2007. Dans mon esprit tout était clair. Je retournais chez moi simplement.

Un petit problème physique sans gravité a « anéanti » (le mot parait fort mais juste jusqu’à aujourd’hui) ma folle envie de revoir ma ville. Je m’explique.

Par Facebook interposé, je me suis fait au fil du temps un certain nombre d’amis algériens, d’oranais, de français ayant vécu un moment de leur vie là-bas.

Avec eux j’entretenais des échanges forts et pleins de signification à travers des groupes comme « Oran ma Ville » et « Oranais un jour…Oranais toujours… » (ce dernier créée par moi rassemblait une vingtaine de personnes).

Je n’ai bien sûr aucun regret car même si aujourd’hui j’ai quitté ces groupes, je garde toujours le contact avec une grande partie de leurs membres. Ce sont des personnes avec lesquelles j’ai bâti une amitié sincère qui s’est toujours traduite par un respect profond de nos personnalités voire de nos idées.

Mais voilà, depuis quelques temps, je sentais que certaines choses m’échappaient et que les sentiments très forts qui se dégageaient de tout ça prenaient réellement le pas sur la réalité d’aujourd’hui et sur ce que devenait vraiment mon pays. Une dégradation sournoise et permanente accentuée ces derniers temps par une élection présidentielle qui ne faisait que confirmer la décadence d’un merveilleux endroit. Et ça je ne voulais pas le voir. Mais petit à petit mes yeux se sont ouverts et ce constat n’a fait que s’amplifier jusqu’à me poser des questions sur l’opportunité de ce second voyage. D’un certain côté mon petit problème physique sans gravité m’a donné la réponse. Ce n’est peut-être pas très glorieux mais je me suis senti soulagé !

Oui je sais, certains ne comprendront peut-être pas, mais comme moi n’ont-ils pas ils gardé les yeux fermés devant cette triste réalité qui a fini par prendre le pas sur l’aspect sentimental qui les relie comme moi à leur pays, à leurs origines ? Car je sens bien la souffrance qu’il y a en eux (comme celle qu’il y avait en moi) à travers cette volonté de « survivre » malgré tout ! Accepter coûte que coûte un état de fait même si on donne l’impression de ne pas être dupe sur l’état réel de la situation.

Oui j’ai quitté ces groupes parce que je finissais par vivre mon pays qu’à travers les souvenirs des temps heureux, et que je ne voulais pas voir la réalité en face, une réalité qui me rendait en parallèle très malheureux!

Je ne veux surtout pas que l’on me plaigne, juste qu’on m’accorde cette honnêteté intellectuelle que j’ai toujours tenté de faire mienne.

Je ne renie en aucun cas toutes ces années passées, tout cet amour pour mon pays, ma ville, mes origines. Il me faut juste tourner le plus délicatement possible cette page, fermer ce livre, le ranger dans l’armoire aux souvenirs sans rien regretter, garder je l’espère l’amitié sincère de ces « inconnus » qui sont devenus des amis, car je sais pouvoir compter sur eux même à distance si cela est nécessaire, tout comme eux peuvent compter sur moi sans aucune restriction.

PS: j'imagine la réaction de mon frère qui a depuis longtemps fermé son livre même si comme moi il est resté très attaché à la partie de sa vie là-bas.

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