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le clin d'oeil de Pierre
8 décembre 2006

dopage

                                                   hs_testosterone1

Un article intéressant qui montre l'une des facettes de cet épineux problème.

"Quand dopage et toxicomanie rencontrent un problème de lien

La médecine du sport s’autorise un rôle bien risqué en jouant les illusionnistes. Comment peut-elle préserver la santé et la vie des sportifs en jouant sur le signifiant « dope » ?

Les scandales qui ont éclaté pour dopage dans le sport de haut niveau soulèvent de nombreuses interrogations. Seraient-ils les prologues d’un phénomène nouveau ?

On pourrait le supposer à l’étonnement de la fièvre qui s’empare des médias en la circonstance, alors que le dopage est inhérent à l’histoire du sport. Les hommes ont de tout temps essayé d’égaler les performances des animaux ; en mangeant de leur chair, ils incorporaient leurs attributs, et ne dit-on pas « fort comme un bœuf » ou « agile comme un singe » ? Déjà à l’époque hellénique, cet usage était prohibé et excluait les compétiteurs.

Les révélations médiatiques sont dépendantes des progrès technologiques des laboratoires de dépistage et ne dévoilent au public que ce que la technique permet d’identifier. On assiste à une compétition qui cherche ses normes entre l’interdit et le licite. Les médecins du sport, devenus marchands de molécules, pallient aux faiblesses biologiques du corps et donnent l’illusion de fabriquer des champions sur ordonnance. Dans ce cas, l’éthique du sport serait-elle une valeur obsolète et le sport de haut-niveau peut-il s’envisager sans substance dopante ?

L’homme a toujours eu recours à des médications pour dépasser ses performances et repousser ses limites. Les enjeux liés aux sports sont dans une logique implacable où l’argent règne en maître et asservit le sportif, au risque de sa vie, pour vivre la jouissance de la reconnaissance. Freud voyait dans l’usage de narcotiques, de stimulants ou d’anabolisants susceptibles de modifier l’état psychique ou physique, un moyen d’éviter le déplaisir : « l’action des stupéfiants est à ce point appréciée et connue comme un tel bienfait dans la lutte pour assurer le bonheur ou éloigner la misère, que les individus et même des peuples entiers leur ont réservé une place permanente dans l’économie de leur libido » et, pourrait-on dire, aussi dans l’économie de marché. Le besoin de reconnaissance frappe le sujet dès son plus jeune âge et la captation du regard de la mère par l’enfant détermine la problématique du lien affectif. La prise de substances dopantes fait office de signifiant, recréant la relation originaire mère-enfant dans le rapport qu’a le champion face au regard de son public ou des médias.
Comment, alors, délimiter les frontières entre traitements préparateurs et traitements réparateurs ? Les performances sportives se font au détriment de la santé et les sportifs ont une espérance de vie bien plus courte que la moyenne. L’entraînement intensif fragilise le corps et les substances dopantes masquent le principe de réalité, dérobent le signe avant-coureur de la rupture du moi corporel. Le dopage entraîne l’athlète dans un monde d’illusions et de toute-puissance, où le dépassement de soi conduit à franchir le point de fragilisation physique et mental. Les produits dopants fonctionnent comme la jouissance phallique, soit un immuable défi entre la loi qui tend à sanctionner la fraude et le pouvoir de repousser les limites humaines. Le dopage nie le corps et le clive du désir qui pose des limites, fonction du principe de réalité, alors que la jouissance peut trouver le plaisir jusque dans la mort. La médecine prend alors le risque de perdre son rôle préventif et thérapeutique, en faisant le jeu du sponsoring qui ne vise qu’à l’exploit et aux retombées financières.

Mais alors, la sagesse et la raison suffiront-elles pour renoncer à l’aventure chimique du sport ou l’homme sera-t-il à jamais suspendu à une molécule pour résoudre sa problématique du lien ?

J.R.

Psychanalyse Magazine n°9,
Dossier :« le sport dans tous ses états » "

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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> je viens de découvrir ton blog....<br /> <br /> Très intéressant !<br /> <br /> Ah le problème du dopage est complexe...<br /> <br /> Je reviendrais vous lire...<br /> <br /> Sur mon justement je fais une enquête sur le problème du dopage...
C
Comme l’article le dit si bien, les tentations vers une démarche dopante sont grandes pour un sportif de haut niveau. Maintenant je pense que chacun a ses gardes fous, sa propre estime de soi et sa propre vision du respect d’autrui où en d’autres terme son éthique de vie et de pratique. Partant de là je pense que l’éducation joue un rôle déterminant dans le passage à l’acte.<br /> <br /> C.Fleureton<br /> PS: de passage sur ton site: Bravo, celà montre unte autre belle facette du personnage. Bonnes fêtes de fin d'année et à l'an prochain.
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