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le clin d'oeil de Pierre
15 janvier 2009

le saviez-vous ?....

Après cet aparté "familial" ( il y en aura d'autres !), retour aux "affaires avec aujourd'hui l'histoire d'un nom "international"...et une lettre d'Omar Onmari...

Vendredi 2 mars 2007 : le saviez-vous ? 

Il existe dans le monde plusieurs villes portant le nom d’Oran.

Aux Etas Unis, dans l’Iowa, le Missouri, au Texas, dans l’état de New York, en Amérique du Sud et plus particulièrement au Pérou dans la province de Loreto ainsi qu’en Argentine dans la province de Tucuman. Même le Mexique y va de sa cité dans le Zacatecas. L’Asie n’est pas en reste avec l’Inde, et plus près de nous la Galice.

Il semblerait que le nom « warhan », Oran en arabe, vient du mot « wahr » (lion). La légende dit qu’à l’époque vers l’an 900, il y avait encore des lions dans la région. Les deux derniers chassés se trouvaient sur la montagne près de la ville, qui porte d’ailleurs le nom de montagne des lions. La mairie est toujours ornée de deux grandes statues en bronze les symbolisant.

Mardi 6 mars 2007 : « je t’écris d’Oran… » 

Lettre a été écrite par Omar Onmari le 30 avril 1999 à un ami. Un véritable cri d’un cœur plein d’amour et de souffrance.

« Cher ami

Je t’écris d’Oran, ville plaie de mon âme et douleurs d’une obstination à vouloir rester debout face à la mer, tourner le dos à tout : ne plus entendre le bruit de la déchirure qui se produit en plein jour dans un pays où le soleil a décidé de plus se voiler et de rester de plomb sur des têtes sans scrupules, ne croire que dans le pouvoir de l’argent, celui qui s’échange dans les ruelles et porte le cachet de toutes les banques du monde simplifié à son expression la plus riche : l’argent des pays qui le dirige.

Je t’écris d’Oran, ville fantasme pour tous les Algériens, qui viennent y passer un moment sans trop s’attarder pour ne pas s’attacher. L’ambiance de joie et de plaisir nocturnes justifie qu’on s’y arrête au passage, rarement qu’on en fasse une destination finale malgré le dicton local qui dit que cette ville enrichit l’étranger et lui offre sur un plateau d’argent gloire et notoriété. On devient rapidement noble à Oran : la noblesse ici sort sans trop de peine des poches bien remplies.

Je t’écris d’Oran, bouillon de culture d’une indécision qui accentue mon malaise d’être là, et celui encore plus grand de ne pouvoir partir. Ville contraste, incertaine, toujours endormie quand ailleurs on se réveille. Ville aux marchés étalages de toutes les productions médiocres d’une industrie asiatique d’un choix énième, que les autochtones s’arrachent à la volée et qui engraissent les mêmes individus, toujours plus gras, toujours plus exécrables.

Je t’écris d’Oran, je ne peux t’écrire d’ailleurs : enchaîné dans la tourmente des enfants de cette ville, emprisonné dans l’amour que je lui porte, je t’écris en pleurant, en criant jusqu’au déchirement de mes entrailles : quelque part j’aimerais crier jusqu’au délire suprême, celui qui me libèrera des on emprise ! Car ici, l’ami, je vois ce qui semble être l’avenir : des immeubles en attente d’une rénovation de vitrine, des gens évoquant les progrès  d’ailleurs, juste pour parler du positif des autres sans la moindre envie d’y retourner. Je vois le projet, le grand, celui qui exclut la présence des minorités, qui ne reconnaît pas l’amour des quartiers pauvres où se font les histoires des peuples.

Le projet qui sera inapte à reconnaître les odeurs des épices qui émanent du vieux souk de la médina El djadida : le projet qui fait de l’oisiveté l’instrument de destruction des monuments publics par petits coups donnés avec les ongles d’une main qui aurait tant aimé être dans les cheveux d’une femme. Mais l’amour aussi deviendra tabou dans la ville, c’est dans le grand projet ! Les rebelles à cette loi se cacheront dans les coins due des quartiers riches pour voler  aux regards carrés, un baiser, une caresse, un peu de tendresse dans cette ville qui se referme) l’amour-sentiment, en ouvrant grandes ses portes au sexe et à la drogue sans les cacher de ces mêmes regards qui retrouvent comme par miracle des rondeurs aux origines incertaines.

Je t’écris d’Oran, ville où les femmes ont le ton du soleil, de la Sicile ou de l’Espagne dans leur voix, et l’odeur de la mer et de l’amour dans leur cuisine. Où les sardines se préparent collées les unes aux autres et où les salades prennent souvent les couleurs de mon pays : concombres, tomates et oignons.

Je t’écris d’Oran, ville que tu ne verras peut-être jamais, car en voie de disparition. Sinon il faut venir maintenant, tant qu’il reste encore quelques vieux pour siroter avec toi un café turc dans ce qui était jadis la Tahtaha. Ils te parleront alors de leur ville, et tu verras dans les sillons de leurs rides la bonté d’un Oranais. Tu regarderas dans le blanc de leurs yeux pour retrouver  le chemin qui mène à leur cœur. Tu verras mon ami, mon interdit…mon Oran brume sous le soleil caché par l’intégrisme et la géométrie d’un esprit fermé imposés au chaud fluide oranais. Tu verras une ville marginalisée par ceux qui, exilés, sont venus y trouver refuge.

Je t’écris d’Oran, ville plaie de mon âme, femme insaisissable, couchée sur le dos avec son chapelet de lumière, sur son corps offert, qu’on ne voit que la nuit, du haut du pont Zabana. Une nuit qui a commencé il y huit ans et dont on n’est pas prêt de voir la fin.

Oran, ville meurtrie, dont tu as déjà entendu parler par Camus dans la Peste, par Assia Djebar…je le fais moi à présent et tant qu’elle reste debout face à la mer, d’autres t’en parleront. »


C’était il y a une dizaine d’années…Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et aujourd’hui la douleur d’Omar est toujours très présente. Il a semble-t-il perdu tout espoir pour sa ville. Il le crie dans un autre texte «  Oran basta » dont le titre veut tout dire. Pourtant moi j’y crois toujours, et tout en respectant humblement les maux et les mots d’Omar, je veux croire en l’avenir et penser qu’il y a encore des oranais prêts à se battre pour sauver cette joie de vivre, cet amour fou qui est au fond d’eux, et tout ce qui fait le charme et la beauté de cette ville. Douce utopie ? Peut-être…et même si c’était le cas, comme eux je continuerai de l’aimer.

Je ne sais pas, je ne sais plus car le trouble est bien présent. Est-ce que les seuls regards que je lui porterai suffiront à me convaincre ?

à suivre...

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E
salut pierre pourrais tu me transmettre ton n° de portable et email j'ai égarer suite a un bug merci @+
le clin d'oeil de Pierre
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