TO BE OR NOT TO BE….CHARLIE
Aujourd’hui les esprits ne sont toujours pas calmés même si le soufflet de la « tension » médiatique retombe petit à petit, avec une émotion présente mais qui elle aussi s’atténuera avec le temps.
Ainsi va la vie !
Et surgit cette ambiguïté sur ce que signifie vraiment « je suis Charlie » et ceux qui pour diverses autres raisons s’appuient sur « je ne suis pas Charlie même si… ».
Personnellement je rajoute « je suis Charlie…mais » et je tente de m’expliquer.
Ce qui tout naturellement était avant tout un cri de colère, un acte solidaire, car cela aurait pu être vous ou moi, s’est vite transformé en un dilemme enclenché par une « classe médiatico-politique » apeurée de passer au second plan, même l’espace de quelques jours !
Pour moi il est évident que cela aurait été pareil avec « je suis Libé » ou « je suis Figaro ». A cette différence près que le degré de liberté d’expression caricaturale de « Charlie Hebdo » a amplifié le phénomène car sous cette bannière on retrouvait paradoxalement énormément de personnes n’ayant jamais lu ou très peu vu de caricatures de cet hebdomadaire (qui ne tirait n’oublions pas qu’à 60000 exemplaires par semaine !) et qui se revendiquaient de ce mot d’ordre par simple solidarité, et compassion.
Un autre fait qui ne vous a certainement pas échappé c’est l’analyse de Luz, l’un des dessinateurs qui a miraculeusement échappé à la tuerie qui tout en trouvant cette solidarité « formidable » enfonce un méchant coup de crayon dans nos esprits, du moins dans le mien, en ajoutant que tout « ce tintamarre » ne correspond pas à la vocation du journal. Il ne veut pas que l’hebdomadaire devienne un symbole, lui qui faisait son fonds de commerce à travers justement cette remise en cause permanente des symboles qu’ils prenaient plaisir à détruire pour rester fidèles à leur identité, à leur marque de fabrique.
On a alors un sentiment de marginalisation volontaire qui me met dans l’embarras, moi qui comme des millions d’individus, s’est revendiqué de cette phrase : « je suis Charlie ».
Et il en rajoute une couche avec la Marseillaise chantée et reprise comme un énorme cri du cœur, cet hymne qui rejoint pêle-mêle les colombes de la paix, toutes les cérémonies provinciales qui n’avaient elles qu’un seul but : Unir. Même ce verbe semblait banni de leur mine de crayon. La seule union acceptable était la leur, celle d’hommes et de femmes dessinateurs, très différents les uns des autres soit par leur histoire politique, ou leur vécu artistique, et qui se retrouvaient autour d’une table avec papier et stylo pour « dessiner » en bons potaches ce que d'autres écrivent en fonction de l’air du temps présent.
Luz conclue là aussi d’un « ils auraient conchié ce genre d’attitude ». Mais quand on va sur la page de garde du site de Charlie Hebdo on lit un appel aux dons pour survivre. Paradoxe ? Rien à voir ? Cela me rend dubitatif !
Je ne veux enfin surtout pas tomber dans le piège de la récupération, maître mot aujourd’hui qui alimente à merveille les discussions, les oppositions, les partis pris car tout est encore trop frais dans ma tête et je veux donner le temps au temps pour me faire ma propre idée, pour tenter d’analyser sereinement, et de me faire mon propre dessin.
Et puis d'autres sujets sont en gestation fidèle à la variété de mon blog où le soleil devrait vite revenir...